Le travail du bourreau n’était pas facile et requérait certaines qualités*. Notre conscience moderne qualifierait cet auxiliaire de justice de psychopathe tortionnaire.
*Ou...de gros défauts
Mais en de début du XIVe siècle, la mort est une compagne quotidienne et les pratiques de la Justice ne choquent pas. Les plus horribles exécutions sont moments de liesse et de frénésie où la foule se comporte comme meute à la curée.
Dans la région du Perche, Hardouin cadet-Venelle est le bourreau de Mortagne près de Nogent le Rotrou. Tourmenté* par les dernières paroles d’une condamnée à être brûlée vive pour avoir accusé un noble de viol, il réussit, après enquête, à prouver l'innocence de celle qui le hante et à faire condamner le violeur à l’écartèlement et à la castration.
*Juste retour des choses
Pour cette enquête notre « gentil » bourreau a dû demander la permission au sous-bailli de Mortagne, Arnaud de Tisans.
On ne devient pas l’obligé d’un notable sans en débourser le prix et les intérêts un jour ou l’autre.
Pour le prix de cette aide, le sous-bailli lui demande de revoir l’assassinat de Muriette Lafoi pour lequel une jeune servante attardée a été exécutée.
Et pour les intérêts, peut-être pourrait-il s’occuper aussi de l’affaire de Nogent-le-Rotrou où des enfants des rues sont cruellement assassinés après avoir été violés et martyrisés.
Je ne vous en dirais pas plus sur ces enquêtes qui n’ont pour intérêt que de nous plonger dans le Moyen-âge, de nous faire réviser notre vieux françois et de nous apprendre l’origine de certains vocables et de certaines expressions* encore utilisées de nos jours.
*"être fier comme un pou", par exemple, est une altération d’être fier comme un poul. Ancien nom du coq de nos basses-cours qui doit son nom actuel à son cri.
Si je vous dis que Guillaume de Nogaret, ministre de Philippe le Bel, et Charles de Valois, le frère du roi sont mêlés à l'affaire des enfants martyrisés vous comprendrez que notre maître des hautes oeuvres devra faire preuve de prudence en évitant de « mettre sa main au feu ».
À lire pour les amoureux des récits sur le Moyen-âge.
Le billet de Choupy est là.
PS : Certains avantages pécuniaires ne compensaient pas les inconvénients du métier de bourreau. Il pouvait devenir riche, tenir belle propriété (hors de la ville), porter l’épée comme un noble et , se servir chez les commerçants* sans payer.
Mais ostracisé, il devait porter sur ses vêtements une marque distinctive et nul n’aurait accepté qu’il fasse partie de sa parenté. Les familles de bourreaux se mariaient entre elles.
*Ne jamais poser le pain à l’envers date de cette époque car c'est ainsi que le boulanger posait celui du bourreau pour qu’il soit reconnaissable.
Le brasier de justice d'Andrea H. Japp, Flammarion, 2011, 412 pages, Roman historique
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
Le bémol du Papou : Les notes (nombreuses) de fin de chapitre ne sont pas faciles à consulter sur une liseuse.