Une enquête du commissaire Brunetti
Un soir à Venise, sur le Campo Di Stefano, au milieu des clients, un vu comprà*, africain est abattu par deux tueurs utilisant des
silencieux.
* vendeur à la sauvette
Le temps que la police et le commissaire Brunetti arrivent sur les lieux, tout le monde, sauf le cadavre, a disparu.*
* J'en connais qui aurait fait disparaitre aussi le cadavre.
Des touristes américains racontent à Brunetti ce qu’ils ont vu (pas grand-chose) et surtout entendu, (presque rien) juste fitt fitt fitt.*
*ou zip,zip selon un autre témoin, mais en tout cas pas pan,pan.
C’est ainsi que notre commissaire comprend que l’homme a été exécuté par des tueurs à gages. Qui pouvait vouloir éliminer un de ses pauvres hères qui
étalent, à la nuit tombée, leurs marchandises de contrefaçon sur les parvis et les plazzas ?
Avec Donna Leon, le lecteur suit les pensées de l'enquêteur, participe à son enquête, subit ses problèmes avec la hiérarchie et ses tribulations conjugales, telle la querelle entre sa femme, Paola, et sa fille, Chiara, à la suite d’une parole malheureuse et teintée de racisme de l’adolescente sur les africains.
J’aime beaucoup cette série. On vit littéralement à Venise, comme dans un rêve. On la visite à pied ou en canot. On se régale de linguini con scampi*, d'orata* grillée et de pappardele con porcini*, on y boit des expressos aux noms exotiquement italiens, ristretto, corretto, macchiato, et on termine toujours avec un petit verre de grappa.
*Linguini aux crevettes, dorade, grosses pâtes aux cèpes
J'aime bien Brunetti parce qu'il est profondément humain, parcequ'il aime son pays en dépit de ce qu'il voit ou sait, parce qu'il est conscient de ses faiblesses et surtout parce que c'est un gourmet qui aime les mets simples.
Revenons-en à notre enquête, dans laquelle, sous un froid hivernal et humide, la police pataugent allègrement, jusqu’au moment où Brunetti et Vianello trouvent, lors d’une perquisition illégale*, dans la chambre de la victime, cachés dans un paquet de sel, plusieurs millions d’euros de diamants non taillés.
* Oh! Guido !
À mon humble avis, ce n’est pas la meilleure histoire de Donna Leon. Je n’aime ni que les méchants restent impunis, ni l’idée que toutes les instances gouvernementales italiennes, incluant la police et les arcanes politiques, soient gangrenées par la maffia ou l’argent.*
* En ce moment, cela ferait rire les Québécois.
Ceci éructé, Patta, le vice-questeur est égal à lui-même, stupide, arrogant et complètement aveugle si cela doit favoriser sa carrière, Elettra, la secrétaire, toujours aussi belle et maligne avec ses fameux contacts partout dans le monde et Vianello, l’adjoint écologiste, toujours prêt à aider son commissaire aux risques et périls de sa carrière. Enfin, la famille de Brunetti, dans son ensemble apporte à ce dernier, le calme, pas toujours, et le bonheur, toujours, dont il a besoin pour supporter la violence physique ou verbale de son métier.
Pas la meilleure histoire de la série, ai-je déjà écrit mais cela reste un excellent voyage touristique dans un style toujours aussi clair et précis.
''De sang et d'ébène'' de Dona Leon, Du Seuil-Points, 327 pages, policier
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
par Le Papou
Le bémol du Papou : Les photos de couvertures sont bien sombres pour représenter cette magnifique ville colorée qu'est Venise.