1ère réunion de notre nouveau club de lecture*, initié par Kikine, avec comme première lecture commune : ‘’Guyana’’ d’Élise Turcotte.
Grand prix du livre de Montréal 2011
Le grand intérêt de ce livre se situe plus dans son écriture que dans son histoire, aussi, vais-je, contrairement à mon habitude, oubliée ma logorrhée verbale pour vous donner quelques exemples de jolies phrases de l'auteure.
Ana est une journaliste pigiste qui ne travaille plus depuis la leucémie et le décès de Rudi, son compagnon et le père de son fils.
‘’Il y avait des fleurs dans des vases dans toutes les pièces. Une odeur rance flottait autour de nous : la saison des lilas arrivait elle aussi à sa fin, et je profitais des derniers bouquets. L’odeur me rappelait la mort de Rudi et en même temps elle me projetait dans un passé éternel, celui des choses qui marquent le temps et qui nous donnent l’impression d’être là où l’on doit être.’’
Philippe, son fils de 9 ans, depuis la mort de son père, s’est mis à jouer aux échecs où il excelle. Il n’aime pas les contacts physiques même ceux de sa mère.
‘’Je suis comme ma mère, pour ça, je n’aime pas qu’on me touche pour rien. La plupart des personnes essaient toujours de me toucher : comme une anguille, je glisse vite hors de leur portée. En fait, ce sont eux les anguilles. Rien ne me fait plus peur qu’une anguille noire zigzaguant près de mon lit, qui cherche à me toucher…Les gens ne devraient pas toucher aux autres sans savoir ce qu’il y a sous leur peau…Ils devraient se tenir loin et réfléchir.’’
Cette gène a obligé Ana a cherché longuement quelqu’un pour lui couper les cheveux, finalement elle a trouvé Kimi, une jeune coiffeuse, dont Philippe accepte le contact physique.
Née au Guyana, elle a fuit la dangerosité de ce petit pays d’Amérique du Sud où, en 1978, une secte de près de 1000 personnes a été s’est ‘’suicidée’’.
Elle est retrouvée pendue dans le salon où elle travaille. Ana ne croit pas au suicide et veut connaître la vérité. S’occuper de son fils était sa seule raison de vivre, elle va y ajouter sa propre enquête sur cette mort.
‘’J’avais besoin de ce meurtre pour vivre tout à fait.’’
Dans un style très travaillé et poétique ce qui peut le rendre parfois un peu hermétique, Élise Turcotte nous parle de la survie par l’amour et l'amitié, et de la solitude du malheur.
‘’Je me retrouvais encore une fois tiraillée entre deux possibilités : celle où je me voyais enfin sereine, comblée avec mon petit garçon et celle où j’étais moi, Ana, cette femme qui voulait maintenant avoir à tous prix un instant sans témoin, un instant pour être complètement elle-même, solitaire, blessée, solide, plantée dans le moment comme un arbre fort dans une ville saccagée.’’
Un joli texte tout en douceur pour une histoire triste.
Un petit roman qui m’a bien plu.
Le billet de Lucie est ici.
*Étaient présents à ce premier club de lecture : Danièle, Hélène, Kikine, Lucie, Peggy, Pimpi, Yolande, René et moi-même. Ont aimé : 3, n’ont pas aimé : 3.
Les autres ne l’avaient pas lu ou n’avaient pas fini leur lecture.
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
par Le Papou
Le bémol du Papou : Les pensées de l'enfant m'ont semblé plutôt appartenir à un ado ou à un surdoué.
Il est vrai que l'âge de l'adolescence semble malheureusement diminuer à chaque génération.