Prix Goncourt, prix Goncourt des
lycéens et prix Médicis en 1995 et
coup de coeur du Papou
Des milliards de personnes* ont lu ce livre avant moi. Ma décision de l’emprunter à la
bibliothèque fut provoquée par le billet de Madame ''La Plume et La Page’’, ici.
J’avoue avoir quelques réticences sur les bouquins ou les films trop primés et n’être pas particulièrement entiché de littérature russe.
*Minimum
Roman ou autobiographie romancée ?
Cette question a très peu d’importance dans ces souvenirs de
l'enfance et de l’adolescence d’un jeune russe qui passe ses vacances chez sa grand-mère Charlotte, française
d'origine, vivant à Saranza* en Sibérie.
À travers les récits et les lectures de Charlotte, il apprendra le français, connaitra l’Histoire de la France, découvrira celle de son pays et vivra, dans une légère insouciance, les incertitudes politiques de son époque.
* Inventée
Je ne suis pas le premier pour qui c’est un coup de cœur même si j’ai trouvé que l’écriture ne ressemblait pas à celle d’un enfant ou d’un adolescent. Trop belle, trop travaillée, trop poétique !
Mais, a contrario*, c’est ce style et cette écriture qui m'ont donné un intense plaisir et, plutôt que de vous fatiguer avec ma prose, je préfère vous en donner envie avec la sienne.
*Je ne suis pas à une contradiction prêt.
‘’ Le vent chaud de la steppe nocturne se répandait de nouveau en moi.’’
‘’Le lustre qui tombait du plafond lors de la représentation de Faust à l’Opéra déversait immédiatement son explosion cristalline dans toutes les salles parisiennes.’’
‘’Elle maniait l’aiguille avec ce brin d’élégance artistique qu’on remarque toujours chez une femme qui travaille et entretient en même temps la conversation avec un invité qu’elle croit intéressé par son récit.’’
‘’L’essentiel était indicible. Incommunicable. Et tout ce qui, dans ce monde, me torturait par sa beauté muette, tout ce qui se passait de la parole me paraissait essentiel. L’indicible était essentiel.’’
‘’Plus la Russie que je découvrais se révélait noire, plus cet attachement devenait violent. Comme si pour l’aimer, il fallait s’arracher les yeux, se boucher les oreilles, s’interdire de penser.’’
‘’Elle était là, sous ce ciel violet et paraissait parfaitement seule sur cette planète, dans l’herbe mauve, sous les premières étoiles.’’
‘’Et pourtant le français de Charlotte avait gardé une extraordinaire vigueur, dense et pure, cette transparence d’ambre qu’acquiert le vin en vieillissant. Cette langue avait survécu à des tempêtes de neige sibériennes, à la brûlure des sables dans le désert de l’Asie centrale. Et elle résonne toujours au bord de cette rivière au milieu de la steppe infinie…’’
Je pourrais vous citer tout le livre, trois cents pages de petits bonheurs linguistiques, écrit directement en français, refusé par les maisons d’édition et accepté quand réécrit en russe et traduit*.
*Semble-t-il ? Ce qui n’est pas à l’honneur des Éditeurs.
Le coup de théâtre à la fin m’a bouleversé. Mais, fait-il vraiment partie de la partie biographie ou de celle du roman ?
Le testament français d'Andreï Makine, Mercure de France, 1995, 305 pages, Biographie romancée
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
Le bémol du Papou : La répétition des (…) en fin de paragraphe m’a légèrement fatigué mais c’est vraiment pour trouver un bémol.