Re-lecture
Une petite envie de relire cette auteure juste après Steven Saylor.
Le grand intérêt des romans de Danila Comastri Montanari est de nous faire partager la vie romaine mais..., pas n’importe laquelle, celle d’un très très très riche sénateur ; d’habiter, à Rome, dans une domus particulière, de dormir dans un cubiculum, de déguster les gustavii et les plats délicats de notre archimagirus, couché sur un torus dans l’oecus et servit par nos triclinarii, de se rendre au calidarium ou au laconicum entre les mains expertes des balneatores puis de parcourir les vias, vêtu de la toga praetexta, d’un cucullus sans oublier l’indispensable subligaculum, chaussé de calcei ornées de lunula ou de solaes, ou transporté dans sa propre sedia gestatoria au milieu de la populares, de prendre une coupe de vin à la caupona, une soupe chaude au thermopolium ou un plat à la popina sans oublier de se faire vêtir, coiffer, habiller, masser par les nombreuses servantes, de côtoyer (de loin) une foule d’artisans et de travailleurs qu'ils soient esclaves, libres ou affranchis, d’apprécier physiquement et moralement les matrones, leurs mœurs souvent peu farouches et leur importance dans la civilisation romaine.
Que du bonheur !
Mais ce bonheur ne doit pas nous faire oublier que cette civilisation est basée sur l’esclavage et sur la prédominance d’une ‘’élite’’. Les métèques, comme moi, moitié gaulois et moitié hellène ne devenaient pas facilement citoyens romains et vivaient dans des insulae qui, comme leur nom ne l’indique pas, devaient être plutôt insalubres. Même s’ils n’étaient pas esclaves, leurs vies étaient difficiles, et leur espoir de devenir senex très faible.
Dans cette série policière, les enquêtes du sénateur Publius Aurélius Statius n’ont que l’importance secondaire d’un fil rouge, l’intérêt principal étant de devenir, pour quelques heures, ce romain célibataire et coureur de jupon, mais quelles sont ces enquêtes que son secrétaire d’origine grecque, un peu escroc, éclaire de sa gouaille et de ses actions à la limite de l’illégalité ou de la légalité, dépendant de notre point de vue.
‘’Cave Canem’’ : Le premier de la série débute sur la fin de l’adolescence d’Aurélius (en l’an 19 après J.C.) qui, au décès de son père devient, à 15 ans, le nouveau ‘’pater familias’’ , responsable de tous les biens dont font partie des centaines d’esclaves. Il réussit sa prise de contrôle en résolvant deux énigmes; Une disparition de bijoux et des transactions douteuses au dépend de son père.
Quelques vingt-cinq ans plus tard, sur le chemin du retour de vacances avec son amie Pomponia, Aurélius s’arrête chez un riche marchand de poissons Gnéus Plautius. Malheureusement on vient de découvrir le cadavre de l’aîné des fils dans le bassin d’élevage des murènes. Meurtre ou accident ?
La question reste en suspend dans l’esprit d’Aurelius jusqu’à la découverte du cadavre du deuxième fils qui semble avoir été la victime d’un des puissants oiseaux qu’il élève, enfin, le décès du pater familias complète une vieille prédiction de la Sybille de Cumes. Prédiction ou falsification ?
Une affaire d’héritage avec une solution surprenante.
Dans ''Parce Sepulto'', le troisième de la série, Aurélius est invité au mariage de la fille adoptive de Pomponia. On la retrouve assassinée dans l’un des bains de la maison. Plusieurs personnes sont suspectées par notre sénateur dont son fiancé Octavius, un ancien amoureux Panétius et même Camilla la sœur jumelle de Lucilla. L’affaire se complique quand leur père est à son tour retrouvé empoisonné.
Jalousie, ascension sociale et volonté de pouvoir sont responsables de ce chaos.
Dans la foulée, j’ai lu ‘’Spes,ultima dea’’ le numéro 5 qui se passe en 45 après J-C. Cette fois ci, notre sénateur Aurélius se trouve directement impliqué car la victime, son ami Antonius Félix, poignardé au milieu de la foule, portait les vêtements de notre sénateur et voyageait dans sa litière, tout laisse croire qu’il y a eu erreur sur la personne et qu’Aurélius était visé. Entre le massacre d’une légion en Germanie d’où Aurélius a pu s’échapper 20 ans plus tôt et qui a fait du général Valerius un ennemi dangereux, les maris trompés par ses aventures avec leurs épouses, et tous les jaloux de sa position et de sa richesse, il y a pléthore de candidats mais… et si Aurélius n’était pas la cible.
Trahison, envie et jalousie se mêlent dans cette enquête complexes.*
PS : Il y a souvent amélioration entre les premiers romans et les suivants, cette série le confirme.
La jalousie est un thème récurrent dans cette série. L’ascension sociale entraînant l’amélioration du sort d'une famille, utiliser la ‘’vertu’’ de sa belle épouse n'était pas rare mais n’empêchait pas la jalousie, parfois mortelle.
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
par Le Papou
Le bémol du Papou : On peut se lasser du dépaysement
après 3 volumes. La suite dans quelques mois.