Une suggestion du club de lectures de Montréal.
De la gêne, de la colère et des larmes.
Voilà, je viens de finir ce roman (?), cette biographie (?) avec cette phrase atroce : Je voulais mourir vivante.
Dès les premières pages, j’ai failli refermer le livre, je n’avais pas envie de me mettre le moral à zéro et ça commençait mal.
Est-ce une bio ? Est-ce un roman ? Est-ce une bio romancée ?
Lucille (photo), sa mère, vient de mourir.
Une certaine gêne : Entre chaque chapitre, l’auteure nous parle de ses sentiments, de ses réticences de sa peur d’être incomprise ou mal-perçue, d’avoir l’impression qu’elle fouille dans les poubelles de sa famille, qu’elle regarde par les trous de serrure.
Elle est mal-à-l’aise, je la rassure*, moi aussi. Ce malaise d’être un voyeur ne m’a jamais quitté.
*Si je puis dire.
Une profonde colère : Qu’elle ait eu envie d’écrire cette descente aux enfers familiale pour se soigner psychologiquement, pourquoi pas ? Il me semble que c’est recommandé dans certains cas.*
Mais qu’elle est senti le besoin d’étaler au grand jour les bibittes de sa mère, les maniaqueries de ses grands parents, les suicides de ses oncles, m’a laissé un goût amer. Fallait-il vraiment que la terre entière le sache ?
*En fait, j’en sais rien, je ne suis pas psy
J’ai très rapidement trouvé une des raisons possibles de la folie de Lucille. Je n’ai pas compris les réticences de Delphine de Vigan pour l'écrire, puis la dénoncer puis y revenir de nouveau. Est-ce la vérité ? Ou non ? En tous cas, cela peut expliquer la descente aux enfers de sa mère.
Et si on fouille dans les poubelles, ça ne sert à rien de prendre des pincettes et de se boucher le nez.
Et des larmes : Oui, j’ai pleuré* en lisant les derniers chapitres. Le suicide d’un être cher fait du mal à ceux qui restent, qui essaient de comprendre et ne comprendront jamais, qui auront des regrets et regratteront pour toujours.
*C'est ça, les vieux, quand on leur parle de la mort.
En cours de lecture, j’ai refermé le livre et j’ai repensé à elle.
Mais non pas à la maman de Delphine, à la mienne qui nous a quittés il n'y a encore peu. Qu’en reste-t-il ? A-t-elle trouvé au loin ce qu’elle recherchait vers la fin ? Les vies de ses deux mères n’ont rien de comparables, mais si la belle écriture de Delphine de Vigan vous fait réfléchir à celle qui vous a donné le jour, alors peut-être que cela en vaut la peine.
Les billets de Sylvie, et Liliba ,
PS : La photo de couverture est celle de Lucille. Qu’elle était belle ! Quelle était belle aussi, ma Maman !
''Rien ne s'oppose à la nuit'' de Delphine de Vigan , 2012, JC Lattes. Grand prix des lectrices de Elle 2012
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
par Le Papou
Le bémol du Papou : Le premier livre que j’ai aimé autant que détesté.