Je sens que je vais en faire sursauter quelques uns mais ce prix Goncourt 2013 m’a déçu, déception d’autant plus forte que l’attente était considérable.
La première guerre mondiale, surnommée grotesquement « la grande guerre *» est sur le point de se terminer. Certains officiers désirant encore un lambeau de gloire continue à envoyer au massacre quelques survivants. Le lieutenant d’Aulnay- Pradelle n’hésite pas à tuer deux de ses hommes, partis en reconnaissance, pour provoquer la colère de sa troupe et les envoyer à l’assaut de la colline 133. L’un d’entre eux Albert Maillard a compris le stratagème en voyant les deux cadavres. L’officier s’en rend compte et le pousse dans un cratère d’obus** où il se retrouve enterré vivant et sauvé par un autre poilu, Edouard Péricourt qui, juste après, se fait arracher la mâchoire inférieure et la langue.
*Pourquoi pas la magnifique ?
**Surprenant ! il devait le tuer.
Edouard ne voulant pas revoir sa famille, Albert lui trouve une autre identité et décide de s’en occuper même après l’armistice et son refus de toute chirurgie facial.
Cette partie-là, malgré l’horreur qui s’en dégage ne m’a posé aucun problème.*
*À part l’histoire du cratère.
Je résume la suite :
L’État, qui a envoyé des millions d’hommes à la mort sans remords est réticent à s’en occuper, la paix revenue.
Les officiers sont tous infects, incapables ou imbéciles.
Les fonctionnaires sont négligents, pointilleux et imbus de leur petit pouvoir.
Les hommes d’affaires sont implacables, tricheurs, magouilleurs et sans moralité.
Et, si certaines personnes sont gentilles c'est parce qu'elles frisent la bêtise.
*L'innocence de l'enfant, je suppose.
La quintessence de toute cette monstruosité se retrouve chez l’ex-lieutenant Arnaud-Pradelle, beau comme un dieu er pourri jusqu’à la moelle, qui ayant épousé Madeleine, la sœur d’Édouard, et fille d’un riche banquier politiquement influent, la trompe sans vergogne. Il obtient les contrats pour enterrer les soldats morts dans des cimetières dédiés, escroque tout le monde, l’État, ses collaborateurs, ses sous-traitants et ses employés.
Son seul but est de reconstruire la propriété familiale et redonner à son nom le lustre d’antan.
Ce roman aurait pu être comique à la façon de Courteline, il fut, presque jusqu'au dernier chapitre, pathétique.
Je trouve rarement mon bonheur dans les prix littéraires souvent causée par mon érudition littéraire médiocre.
Cette fois-ci, je me suis senti mal à l’aise .
La bonté y est inexistante et il n'offre aucun espoir !
Sandrine l'a aimé, avant même que le Goncourt lui soit attribué, Sylvie Cathe, Papillon, Cuné et plein d'autres aussi.
Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, Albin Michel, 2013, 576 pages, Roman.
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
Le bémol du Papou :