Chaque année, inspecteur chef de la Sureté du Québec offre à sa femme un séjour au manoir de Bellechasse, une tranquille et confortable auberge au bord du lac Massawippi.
Cette année, ils se retrouvent, non sans un certain plaisir, dans la plus petite chambre, qui fut le témoin privilégié de leurs premiers ébats amoureux.
Ceux* qui pensent que Louise Penny fait passer dans ses romans un sentiment anti-québécois devrait lire la description physique et morale de cette famille anglo.
Une famille complète de zoufs intégraux, où la chaleur des sentiments familiaux est proche du zéro absolu, convaincue de leur supériorité, piquante dans leurs réflexions, offensante dans leurs attitudes, un condensé de salopards dont une certaine éducation maquille la cuistrerie.
*J'en connais !
Elle se compose de la mère, Irène, une orgueilleuse marâtre, remariée à Bert, un conjoint falot et bigle, l'infatué Thomas qui se glorifie de sa qualité d'ainé, sa femme Sandra, jalouse de tout et de tout le monde, Julia Martin qui vit à Vancouver et dont le mari est en prison pour escroquerie, la cadette Marianna dont le fils de 10 ans, Bean, est peut-être une fille.
Enfin, les lecteurs des enquêtes de l’inspecteur Gamache connaissent bien le deuxième fils qui n’est autre que Peter Morrow, qui vit à Three Pines avec son épouse Clara.
Les quatre enfants sont, en fait, ceux du premier mari d’Irène, Charles Morrow, dont la statue vient d’être érigée devant le Manoir, une immense statue en bois pétrifié, posée sur un bloc de marbre blanc, impossible à bouger et pourtant, une nuit de tempête, elle s’écroule sur Julia.
Or, le soir précédent, dans une dispute familiale, elle avait déclaré qu’elle connaissait le secret de leur père.
Est-ce le mobile de cet assassinat ?
Elle n'hésite pas à provoquer notre inspecteur, lui rappelant la soi-disant lâcheté pendant la dernière guerre.
Ce prénom gênant que son fils souhaite donner à son futur garçon en dépit de l'opposition d'Armand.
Louis Penny réussit avec talent à brosser un tableau psychologique très sombre dans un cadre idyllique et offre aux lecteurs un héros qui pourrait être le fils adoptif du commissaire Maigret*.
*Sans la pipe mais avec le Cognac.
Je crois cependant que la bonté fait partie des qualités de l'auteure qui réussit à adoucir l'appréciation négative ressentie sur la famille Morrow-Finney.
Le billet d'Alex et celui de Dame Yue Yin.
PS : Je savais pourquoi mais je n'ai jamais trouvé par qui et comment !
Défense de tuer de Louise Penny, Actes Sud, 2013, 320 pages, Policier
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
Le bémol du Papou : Un regret de ne pouvoir prendre le thé au village de Three Pines ou passer un week-end au manoir de Bellechasse.