La petite bibliothèque de mon village n’a pas assez d’espace pour conserver les livres qui ne sont plus empruntés.
Cela m’a permis, pour une somme très modique, de prendre un immense plaisir avec ce roman d’Amin Maalouf.
Je lis pour me distraire ou pour rencontrer l’inconnu, ou les deux, et je cherche rarement des réponses existentielles.
D'ailleurs, je n’en ai pas trouvé à la lecture des aventures de Baldassare Embriaco, génois d’orient et commerçant de « curiosités » ;
pas de réponses mais un questionnement latent.
Pourtant certaines interrogations ne me concernaient pas.
Baldassare et ses contemporains, juifs, musulmans ou chrétiens, parlent surtout de Dieu. En cette fin de 1665, des bruits courent sur l'apocalypse qui devrait survenir l’année suivante, qualifiée de « l’année de la Bête » en raison des trois derniers chiffres de son millésime*.
* Encore Lagerfeld !
Le Coran mentionne 99 noms de Dieu. Or il existe un ouvrage très rare dont le titre « Le centième nom » donnerait celui « qu'il suffirait de prononcer pour écarter n'importe quel danger et obtenir du Ciel n'importe quelle faveur ».
Et ce livre, Baldassare l’a eu entre les mains mais, dans sa naïveté et sa faiblesse mercantile, il l’a vendu à un noble français sans le lire.
La perspective de la fin du monde, l’incertitude du futur, les affirmations d’un de ses neveux et l'envie de retrouver ce livre extraordinaire vont entrainer notre indécis et inquiet commerçant sur les routes dangereuses de Gibelet* jusqu’à Constantinople, de Smyrne à Chios, et de Gênes à Londres.
Mais la question principale qui m'a obsédée demeure la maitrise de notre avenir.
Sommes-nous maître ou bien sommes-nous ballotés par les vicissitudes de la vie comme fétus de paille dans la tempête ?
Où vais-je ?
Cette grande question, qui suit le qui suis-je, est la base de ce roman. Dans ses carnets, notre voyageur note ses aventures, ses malheurs, ses amours impossibles, ses questionnements, ses peurs et surtout ses incertitudes.
Je ne vous dirai pas où ce périple se termine. Sachez seulement que je fus surpris de sa décision dans son indécision.
Maalouf est un formidable conteur et j'ai eu un immense plaisir* à suivre les aventures rocambolesques de son héros. Escroqué, bafoué, chassé, trahi, mais trouvant toujours compassion, amour et entraide.
*bis repetita placent
Le périple de Baldassare d'Amin Maalouf, Grasset, 2000, 490 pages, Roman
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
Le bémol du Papou : Un homme trop bon qui mériterait d'être secoué de temps à autre.