Il n’est pas facile de parler de ce petit roman, petit certes, mais concentré, foisonnant, farfelu, tristement drôle ou drôlement sinistre.
Dans tout roman doivent cohabiter une histoire et un style d’écriture. Ce n’est pas facile de parler d’un livre qui ne semble avoir ni histoire, ni vocabulaire ordinaire.
J’étais perdu, je voulais abandonner mais je ne pouvais pas. Je me sentais bousculé, perturbé mentalement avec des pensées contradictoires, je ne comprenais plus rien et pourtant je continuais.
Je voulais comprendre.
Après avoir refermé ce livre je me demande encore si j’ai vraiment tout compris.
C’est un livre de questions. On se les pose à chaque page, on ne trouve jamais de réponses claires, que des bribes qu’il faut absorber, digérer, c’est fatigant.
Dès la première phrase du livre, le ton est donné :
‘’Nous avons dû prendre l’univers en main, mon frère et moi car un matin peu ava nt l’aube papa rendit l’âme sans crier gare.’’
Écrit à la première personne par le ‘’secrétarien’’ celui des deux adolescents qui s emble le plus cultivé.
Est-ce un garçon ou une fille ? Son leitmotiv de lancer du sang quand il est en colère est troublant et le titre de l’ouvrage perturbe notre imagination.
Dans cette narration toutes les femmes sont des putes ou des saintes vierges.
Pourquoi ces qualificatifs opposés ? Pourquoi le narrateur ne fait-il pas de différence ?
Dans un style enfantin et complexe à la fois avec des termes à contresens, des barbarismes, des mots inventés, des grossièretés systématiques, des mots savants, des mentions de Spinoza ou de Saint Simon, le langage devient difficilement compréhensible.
Sans éducation, le narrateur utilise les seuls mots qu'il connait, qu’ils soient triviaux ou proviennent des livres qu'il appelle tous ‘’dictionnaires’’.
Le père est le personnage clé du livre. Son décès innatendu va provoquer un bouleversement qui va complètement perturber ses enfants.
Mais est-il mort naturellement ou s’est-il suicidé ?
Les deux enfants ont été élevés par ce père fou, éduqués avec des ’’horions’’ et des règles immuables, dans la peur, dans la misère, sans éducation, sans contacts avec le monde extérieur, dans une riche maison laissée à l’abandon, au milieu d’animaux qu’on ne soigne plus.
Pourquoi cette folie ? Pourquoi cet abandon ?
On nous distille de vagues souvenirs d’une petite sœur et d’une grande et jolie putain ou sainte vierge.
Qui sont-elles ? Ont-elles existées autrement que dans l’esprit des enfants ?
Et puis, on va jusqu’au bout du livre et on devine plus qu'on apprend ce qui a du se passé, et c’est insoutenable.
Voici deux courts extraits :
‘’ Et la deuxième chose extraordinaire, je n’avais pas mis les pieds depuis trois minutes au village que je vis apparaître un semblable dont je devinai à je ne sais quoi qu’il s’agissait d’une sainte vierge ou d’une pute.’’
‘’ Il y a quelque chose qui existe partout dans l’univers à ce que j’ai lu, ce sont les vases communicants, et comme c’est vrai. Car il arrivait que papa ait la main pesante avec ses horions, et mon frère écopait comme du bois vert, et c’est moi qui subissais mon frère ensuite, c’est ce qu’on appelle les vases communicants.’’
Ai-je aimé ? On ne peut pas aimer un tel livre. On ne peut pas aimer un livre qui vous tord les tripes, vous expulse de votre confort, et fatigue votre cerveau à trouver des réponses sans être sur qu’elles soient bonnes.
Un livre difficile, sombre dans sa drôlerie, comique dans sa tristesse, atroce dans son histoire avec une morale non-écrite : n’aimez pas trop les allumettes!
Le bouleversement de Karine est ici.
Le Papou
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
par Le Papou