Les grosses cordes bourdonnaient comme la pluie,
Les petites cordes chichotaient comme un secret,
Bourdonnaient, chuchotaient... puis s'entremêlaient
Comme une averse de grosses et petites perles sur un plateau de jade,
Nous entendions un loriot, limpide, caché parmi les fleurs.
Par la cessation de son toucher froid, la corde même semblait brisée
Comme si elle ne pouvait mourir ; et les notes, s'évanouissant
Dans un abîme de peine et de lamentation secrète,
En disaient plus encore par le silence qu'elles n'en avaient dit par le son.
Un vase d'argent se brisa soudain; l'eau jaillit;
Il en bondit des chevaux carapaçonnés, des armes qui s'entrechoquaient...
Et avant de reposer son plectre, elle termina sur une caresse,
Et les quatre cordes rendirent un seul son, comme de la soie que l'on déchire.
Po Chü-i
Po Chü-i (772-846 CE), fut un poète et un fonctionnaire gouvernemental, et un des des plus grands écrivains de la dynastie Tang. Né à T'ai-yuan, capitale du Shan-Xi, il s'installa plus tard à Ch'ang-an (aujourd'hui Xian) sprès de la frontière nord-ouest.Banni à plusieurs reprises suite aux reproches qu'il faisait à la politique gouvernementale. Il se retira, en 832, dans le monastère Hsiang-shan près de Lo-Yang (ou Luoyang), la capitale de l'est.