Chroniques d’Amazonie.
J’avais aimé l’écriture de Sepulveda dans ‘’Le neveu d’Amérique’’, et je voulais lire un de ses romans.
Je n’ai pas été déçu, Sepulveda est un excellent conteur, et un conteur qui écrit bien.
Antonio Jose Bolivar est le vieux qui aime lire les
romans d’amour. Mais il ne sait pas bien lire :
‘’il lisait lentement en épelant les syllabes, les murmurant à mi-voix comme s’il les dégustait et, quand il avait maîtrisé le mot entier, il le répétait d’un trait… Quand un passage lui plaisait particulièrement, il le répétait autant de fois qu’il l’estimait nécessaire pour découvrir combien le langage humain pouvait être aussi beau.’’
Nous sommes à San Idillo, un village équatorien perdu au fin fond de l’Amazonie, ‘’face au fleuve s’alignait une rue d’une vingtaine de maisons dont la dernière, un peu plus grande, portait au-dessus de sa porte un écriteau jaune avec le mot MAIRIE’’. Les gens y survivent difficilement, ravitaillés par un vieux caboteur rouillé ‘’ une vieille caisse flottante mue par la volonté de son chef mécanicien, les efforts des deux costauds qui composent l’équipage et l’obstination phtisique d’un antique diesel’’.
Antonio Jose Bolivar, tout en lisant des romans d’amour, repense à sa vie, aux raisons qui l’ont obligé à quitter ses Andes natales pour finit dans ce trou perdu, à ses aventures dans la jungle quand il est devenu un Shuar* après la mort de son épouse.
J’ai déjà écrit lors de plusieurs chroniques qu’il me suffit d’un peu d’ethnologie, un soupçon de sociologie, un pays inconnu, des aventures ordinaires ou extraordinaires et un excellent conteur pour qu’une lecture m’enchante.
Dans ce livre, j’y ai trouvé un peu de sociologie andine et amazonienne, un peu d’ethnologie sur les Shuars, de la zoologie et de la botanique sur la jungle, et des aventures, des tas d’aventures car si Antonio Jose Bolivar est un lecteur de roman d’amour, ce fut aussi un aventurier par accident de la vie.
Ajouter quelques caricatures de personnage dont le maire du village qui représente cette autorité fasciste et stupide dont l’auteur a subi les foudres dans sa jeunesse et vous obtenez un petit paradis de lecture. Si j’osais, (osons, osons) je comparerai Luis Sepulveda à Rudyard Kipling, un autre de mes auteurs préférés.
Le billet de Yspaddaden ici
PS: La collection ''À vue d'oeil'' a l'immense avantage d'utiliser d'énormes caractères ce qui m'évite d'user mes bésicles.
Je n'avais pas envie de photographier leur première page, plutôt moche, alors j'en ai utilisé une de ''Points'', beaucoup plus jolie.
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
par Le Papou
Le bémol du Papou : Ce bouquin aurait du être un coup de coeur, alors pourquoi ne l'est-il pas ? Je n'ai pas de réponse
claire, sinon que j'aurai bien aimé que la femelle ocelot s'en sorte.