les C.D.G. du HibouLes Voyages du PapouLes Commentaires du Hibou et du PapouQu'est ce qu'on mange ?
J’avais envie de relire cet auteur et de me replonger dans ce monde qui m’est complètement étranger et que j’ai adoré dès les premières pages.
On ne peut pas ne pas être complètement dépaysé. Ces romans policiers se passent en général sur la réserve des Navajo, située dans la région des « four corners » où se rejoignent quatre États soit, l’Utah, le Colorado, l’Arizona et le Nouveau Mexique.
Dans leur civilisation, les relations familiales, le mode de vie, la manière de penser, la religion, la langue nous sont complètement étrangers. Les paysages, la faune et la flore sont différents de ce que nous connaissons.
Déjà intéressé par les civilisations amérindiennes, plus particulièrement par les habitants du Canada et des grandes plaines, Tony Hillerman m’a amené à approfondir mes connaissances sur les Navajo, leur religion et leurs légendes.
Une courte présentation nous donne quelques exemples de la complexité de leur langue ce qui me rappelle que pendant la dernière guerre mondiale, les Américains, pour éviter d’être compris par les Japonais, utilisaient des opérateurs radio Navajo qui s’échangeaient des messages dans leur langue,
Je me sens facilement transporté dans ces régions arides et peu peuplées au point de rêver de m’y rendre un jour.
« Chee suivit la vieille route cahoteuse, dépassa une pompe d’extraction silencieuse, plongea dans la pierraille désolée de Gothic Creek puis en ressortit pour se retrouver sur une étendue plane parsemée de sauge et de genévriers nains. »
« -Deux enfants super, dit Leaphorn, Ils prennent le car ? Jusqu’où ?
Crownpoint, répondit Madame Luna
Wow! fit Chee. Moi, j’avais un car de ramassage scolaire qui parcourait une quarantaine de kilomètres et j’avais l’impression que ça durait une éternité.
Environ cent trente kilomètres dans chaque sens, précisa Luna. Ça leur fait une journée d’une longueur infernale. Mais c’est l’école la plus proche. »
Voici un enterrement typique navajo, celui de la femme de Joe Leaphorn. Les Navajo traditionnels ont peur de la mort et des morts qui peuvent revenir hanter les vivants (chindit). Ils ne prononcent plus leurs noms et n’aiment pas avoir un contact physique avec eux.
« Ils avaient emmené le corps là où habitait sa mère, près du bâtiment administratif tribal de Blue Gap, au bord de Black Mesa. Sous l’abri de broussailles, sa vieille tante l’avait lavée, avait peignée ses cheveux, l’avait revêtue de sa plus belle jupe de velours bleu, lui avait passé son vieux collier squashblossom* , lui avait mis ses bagues et l’avait enveloppée dans une couverture.
Ainsi dans le hogan*, il avait regardé. Ses frères l’avaient alors soulevée, avaient posé son corps à l’arrière de leur camion et s’étaient éloignés sur la piste menant aux falaises. Environ une heure plus tard ils étaient revenus sans elle et avaient pris leur bain de vapeur purificateur. Lui, il ne savait pas, et ne saurait jamais, où ils l’avaient laissée. »
Qu'en est-il de ce roman ?
Eleanor Friedman-Bernal, une anthropologue réputée, spécialiste des céramiques et poteries anasazi* a disparu depuis plusieurs semaines. D'après ces collègues, ces derniers temps, la jeune femme s'était intéressée à un type de poterie bien particulier, qu'elle pense pouvoir attribuer à une seule artiste. Le travail de la chercheuse permettrait d'apporter des informations cruciales sur la disparition, mille ans plus tôt, de la civilisation Anasazi. Disparition subite, pour laquelle les anthropologues n'ont toujours pas d'explication satisfaisante.
Il n'en faut pas plus pour réveiller la curiosité et l'intérêt du légendaire Joe Leaphorn, chef de la police tribale, proche de la retraite, qui vient de perdre son épouse.
Jim Chee policier et futur Hatathali, sorte de guérisseur qui soigne par des cérémonies chantées pour ramener l’harmonie (hozro) chez le malade, doit retrouver un camion et une tracto-pelle, engin souvent utilisé par les pilleurs de sites.
Les pistes suivies par les deux policiers vont se croiser et ils devront s’unir pour résoudre un certain nombre de meurtres.
Il m’est arrivé de reprendre un livre et d’être déçu, jamais avec cet auteur, malheureusement décédé en 2008. Il n’y aura donc pas d’ajouts à cette série et c’est bien dommage.
Mais il suffit d’en ouvrir un pour replonger dans ce monde si particulier, rouler sur ces chemins poussiéreux qui parcourent les terres arides et rencontrer les membres du Dineh, bons ou mauvais, heureux ou malheureux, riches ou pauvres, une peuple vrai et une réelle civilisation.