Prière de ne pas lapider l’auteur du billet avant d’avoir tout lu, sa sensibilité risquerait d’en
souffrir.Merci.
Un chef d’œuvre, une merveille, un best-seller, nombreux prix littéraires, traduit dans une trentaine de pays… n’en jetez plus, qui suis-je, moi, pour faire
la critique de ce futur monument de la littérature moderne, un Papou, un Béotien, d’accord, mais aussi un lecteur dont les goûts peuvent être différents.
Pendant les 50 premières pages, j’ai trouvé que ce livre méritait bien son titre.
Je n’arrivais pas à entrer dans cette histoire, je cherchais l'histoire. J'avais juste deux personnages plutôt
ternes, une vieille paysanne et une jeune femme, toutes les deux épeurées pour des raisons obscures.
Aliide, la vieille, a trouvé Zara, la jeune, écroulée dans la cour de
sa ferme, sale comme une mendiante, habillée comme une putain, ce qui s’avèrera exact ultérieurement.
C’est le genre de roman qui évolue par petites touches avec des retours en arrière, pas toujours aux mêmes époques ni aux mêmes endroits et qui s’étire comme un
mauvais rêve dont la fin cauchemardesque n’arrive jamais.
J’ai aussi eu du mal avec l’écriture et le style de Sofi Oksanen. J’étais mal à l’aise avec les images qu’elle nous proposait, avec les pensées des deux femmes,
avec leurs atermoiements interminables, leurs non-dits incessants
avec les descriptions minutieusement longues de petites actions domestique.
Au bout d’une centaine de page, tilt ! Une petite lampe, 10 watts clignotante, s’est allumée dans ma tête. Il est vrai qu'une
illumination avec une loupiote clignotante ce n’est pas évident.
J’ai commencé à apprécier ma lecture à partir de ce moment-là et je n’ai plus lâché cette histoire.
Elle se passe en Estonie, pays envahi par les allemands pendant la dernière guerre, dominé par la Russie soviétique et redevenu indépendant après la Perestroïka.
Alors, le vocable ‘’purge’’ prenait d’un seul coup tout un sens politique.
Bien entendu, c’est une sale histoire comme toutes les guerres, les colonisations, les asservissements et leurs conséquences où tout le monde essaie de sauver sa
peau, une histoire de sœurs aussi, l’une heureuse et l’autre jalouse, une histoire de trahison par apathie, bêtise et jalousie, une histoire de pauvres qui ne vivent pas mais tentent de survivre
au milieu d’évènements qu’ils ne comprennent pas.
C’est non seulement une sale histoire mais aussi une histoire sale, dans la crasse, dans la boue, dans les odeurs putrides et les senteurs immondes, dans les idées
fangeuses et les actes dégueulasses, où haine et amour se côtoient, envie et détresse se mélangent, folie et bêtise se marient : asservissement de la femme, asservissement d’un pays,
asservissement des idées.
Souvent je me dis que je ne suis pas facile à décourager, que le nombre de romans que j’ai abandonné doit se compter sur les doigts coupés d’une seule main, moins
l’index, dont j’ai besoin pour tourner les pages, et c’est tant mieux.
J’ai gardé la première phrase de cet article pour vous montrer que si je prends rapidement des notes pour ne rien oublier, je modifie souvent mes premières
impressions.
Têtu je suis, mais pas obtus, du moins j’espère.
C’est aussi pour vous dire qu’il ne faut pas abandonner une lecture sans être sûr que l’on ne va pas le regretter : insistez, insistez jusqu’à ce que
l’écœurement soit plus fort que votre désir de découvrir la suite.
Il faut lire ‘’Purge’’ et aller jusqu’au bout. Vous n’aimerez pas cette histoire. Aucun des personnages n’est gratifiant, bon ou généreux, vous serez mal à l'aise,
vous serez même écoeurés par des termes d'une crudité dérangeante, mais la vérité ne doit-elle pas l'être, crue et dérangeante ? Cela a existé et malheureusement cela existe encore.
Il faut continuer à combattre l'asservissement sous toutes ses formes, il faut dénoncer des faits qui ont existés, il ne faut pas qu'ils s'estompent dans la mémoire
des hommes.
Cette histoire est une des plus horribles et ce roman un des plus surprenants que j’ai lu depuis bien longtemps.
Les avis positifs de Sylvie, Leiloona et Aifelle, ceux plus négatif d'Yves et Ys.
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
par Le Papou
Le bémol du Papou :
une couverture rose pour un roman sale : quelle drôle d'idée!