Mon ami Hubert perché sur mon épaule, penche sa tête brun-roux et me fixe de ses grands yeux tout ronds.
- Que se passe-t-il, mon bel humain ? me demande-t-il. Tu as l'air bien énervé.D'habitude la lecture t'apaise et là ta face ressemble à celle d'un collègue emplumé qui vient de rater son déjeuner.
- Tu as raison, je suis faché, déçu et près à jeter ce beau livre qu'il me tentait de lire.
- Pourquoi ?
- Je te lis la note que l'éditeur a mis au début de cet ouvrage.
‘’La présente traduction est fidèle à l’édition américaine originale de 1893. Seules certaines longueurs et répétitions, dont beaucoup de grands auteurs du XIXème siècle étaient friands ont été retranchées pour mieux répondre aux exigences des lecteurs actuels.’’
- N'est-il pas normal qu'un éditeur essaie d'améliorer la prose des écrivains qu'il met sur le marché ?
- Possible, mais il y a certaines limites. Ce livre a été écrit par Sir Arthur Conan Doyle. Pour qui se prend-il en sabrant la prose de Sir Arthur, sous le fallacieux prétexte de répondre à mes exigences ? Que sait-il de mes exigences ? Pourquoi pas réduire ‘’Guerre et paix’’ à 200 pages et ‘’Orgueil et Préjugés’’ à 150.
- Il est vrai que ce serait bien pour ''Guerre et Paix'', j'ai jamais été plus loin que la page 175.
- Tu te trouves drôle ? Et puis il aurait aussi pu trouver le texte original en anglais du Royaume Uni.
- Tu as cent fois raison mais reconnais lui au moins une qualité.
- ???
- Il est honnête puis qu'il le mentionne au début du livre.
- J'admets que ce n'est pas toujours le cas, il suffit parfois d'avoir la malchance de pouvoir comparer les traductions avec les versions originales.
- Et que vas-tu faire du roman maintenant ?
Je regarde Hubert qui semble sourire ce qui n'est pas facile avec un bec tout noir couvert de petites plumes roussâtres.
- Je vais le lire, tiens !
- C'est bien ce que je pensais, ce n'était pas la peine de te mettre dans cet état-là.