Pour vous donner envie
de lire
"un autre monde"
de
Barbara Kingsolver
(nous sommes à Washington en 1932 ou 1933)
" - Que veulent ces gens ?... Mais pourquoi si nombreux ? Et tous les drapeaux ?
- Ce sont des vétérans de guerre. C'est du moins ce qu'ils disent, parce que les vétérans ont droit à une indemnité de soldat. Ils réclament leur indemnité...
- Ils ne peuvent pas avoir leur argent maintenant, s'ils ont combattu pendant la guerre ?
Le congrès a rejeté leur demande, il a décidé de régler l'indemnité plus tard, quand les hommes seront vieux."
page 124/125
"Se peut-il qu'il existe dans tout le Mexique une maison aussi laide ? Functionalismo, une construction aussi laide qu'une haie de fumier. Sauf que la haie ici est ce qu'il y a de plus beau : une rangée de cactus chandelier entoure la cour, plantés si serrés qu'on ne voit au travers que des fentes de lumière."
page 146
"Senor Rivera, vous défendez le peuple, n'importe qui est capable de voir en quoi c'est bien. Mais les leaders sont tous les mêmes, quoi qu'ils promettent. Au bout du compte ils abandonneront les pauvres à leur triste sort."
page 179
"-Mais les journeaux ont un devoir de vérité...
-Ils ne disent la vérité que de manière exceptionnelle. Zola a écrit que le caractère mensonger de la presse pouvait être divisé en deux groupes : la presse jaune ment à tout propos sans la moindre hésitation. mais les autres, comme le Times, disent la vérité dans toutes les circonstances sans importance, de manière à pouvoir abuser les gens avec l'autorité requise quand cela devient nécessaire."
page195
"Ce matin une chatte blanche est apparue ici sur les marches du perron de derrière... Le vent s'enfonçait dans le manteau broussailleux de l'animal, tels des doigts cherchant à le déboutonner et à le retirer."
page 335
"Les journalistes se jettent sur la moindre information, aussi dérisoire soit-elle... (ils) mènent les politiciens comme des ours en laisse... La radio est la source du mal...Le commentateur doit parler sans prendre le temps de réfléchir... Les parleurs sont en position de dominer les penseurs."
page 395
"L'autoroute de montagne est un étrange passage : de la ville aux vastes étendues sauvages, des centaines de miles de forêt et de vallées sans la moindre habitation. De temps à autre, un champ de pommiers avec sa clôture en zigzag, comme un morceau de calicot vert coupé au ciseau à denteler. Rouler le long des crêtes c'est comme être un oiseau en vol, les pentes dégringolent depuis les bords de la route et la vue s'ouvre sur des horizons brumeux et chiffonnés. Un patchwork de feuilles, auburn, jade et or, ornait les versants des montagnes. "La main de Dieu prodigue la beauté à la longue épreuve de l'hiver", cita Mrs. Brown. Mais on aurait plutôt dit que Dieu avait refilé le bouleau à un muraliste mexicain."
page 406