Après ‘’Un anthropologue en déroute’’ que j’avais bien apprécié mais surtout après quelques romans que je qualifierais d’intensément difficiles, je souhaitais une lecture plus légère et celui-là traînait dans ma PAL.
Cette fois-ci, Nigel Barley nous entraîne en Indonésie dans l'île de Surawasi*, pays des Bugis et des Torajas.
*Anciennement les Célèbes
Raconter ce genre de livre n'est pas facile. Ce n'est pas un roman mais une série d’anecdotes plus ou moins longues.
Ainsi, la préparation du voyage débute en vaudeville et continue dans le cynique mélodrame d’un vol Aéroflot et d’un transit à Moscou.Tout au long du récit, nous louvoyons entre autodérision, cynisme, satire, ironie ou plutôt auto-ironie, tout ce qui doit certainement être l’humour anglais*.
* n'est-il pas !
Ce qui n'empêche pas Nigel Barnley de nous distiller, entre les diverses péripéties de son voyage, quelques-unes de ses opinions, forgées au cours de ses voyages.
''Les touristes sont la face hideuse de chaque peuple. Est-ce que ce sont les pires individus qui font du tourisme ou le statut de touriste fait-il ressortir le pire de l’être humain ? …Le tourisme transforme les autres en accessoires de théâtre que l’on peut photographier et collectionner. Et je ne suis pas sur que l’ethnographie* n’en fasse pas autant dans une certaine mesure.''
* aïe ! aïe !
Cet ouvrage se compose de 2 parties. Le voyage de l’anthropologue, où il tente d’étudier les Torajas, est la plus importante. Aussi intéressante à mon avis, bien que plus courte, le séjour des Torajas en Grande-Bretagne pour bâtir un grenier à riz dans un musée londonien, nous montre que tout individu plongé dans une société différente est un anthropologue qui s'ignore.
Pour vous donner l’eau à la bouche et l’envie dans les yeux voici résumées deux anecdotes savoureuses*.
* Pour le lecteur
Nigel Barley a trouvé enfin des étoffes à l’ancienne. ’’rouges et orange vif avec des rayures dessinées au pochoir.’’
Il achète une cape puis accueilli dans une famille très pauvre qui n’a pas les moyens de se chauffer, il s’enroule dedans et s’endort. ‘’Quand je repris conscience, il faisait jour…La migraine était oubliée, mais j’avais un nouveau problème. J’étais aveugle….Mes yeux étaient enflés et brûlants. Quelqu’un essayait d’enfoncer des aiguilles incandescentes dans mes iris. J’avais aussi des problèmes pour respirer….
À la voix je reconnus mon fermier. Il riait. Oui il riait de mon calvaire! Je compris soudain qu’il m’avait empoisonné…. Mon hôte tendit la main vers moi et m’ôta la cape. Il n’avait même pas la patience d’attendre ma mort pour dépouiller le cadavre! …
- Le piment ! Dit-il.
- Quoi ?
- C’est le piment. Ils s’en servent pour teindre les étoffes. On ne doit
jamais porter une cape de Mamassa avant de l’avoir lavée au moins
trois fois…''
Pour s’enfoncer dans le territoire sauvage des Totajas, Nigel, doit choisir des chevaux et ayant peur d’examiner les dents, il regarde les sabots avant de choisir … au hasard. Tout au long du périple, les relations équines s’avèrent très difficiles jusqu’au moment où un voyageur lui demande :
‘’Une chose que je ne comprends pas. Pourquoi voyagez-vous avec deux étalons et une jument en chaleur ? Ça ne complique pas les choses ?’’
Manifestement je n’aurai pas dû examiner que les sabots.’’
Je terminerai en prévenant ceux qui oseront lire ce livre dans les transports en commun qu’ils risquent de passer pour des originaux en éclatant de rire sur certains passages désopilants.Mais bon, j'en connais que ça ne dérange pas du tout.
L'anthropologie n'est pas un sport dangereux de Nigel Barley, Payot, 2001, 268 pages.
*ouais ** bon *** très bon **** j'aime
par Le Papou
Le bémol du Papou : Je suis fort désolé* d'avoir eu confirmation que les subventions des chercheurs servaient à bien d'autres choses que ce pourquoi elles sont données.
*Mais pas surpris pantoute.!