Pendant mes séjours en Périgord, je lis « Sud-Ouest », journal qui, comme son nom l’indique, est édité dans tout le Sud-Ouest de la France.
Entre vous et moi, ils ne se sont pas fatigués pour trouver son nom. Ils auraient pu l’appeler « Les Nouvelles ordinaires et extraordinaires du Sud-ouest » ou « Nouvelles merveilleuses d’Aquitaine » ou encore « Le Quotidien Aquitain et son destin».
Sud-ouest, c’est court, plus facile à dire au buraliste que « Les dernières nouvelles d’Alsace », même si, en général, on ne le demande pas, il est sur un présentoir, on se sert et on n'oublie pas de payer.
J’essaie de l’acheter tous les jours car c’est le (seul) lien direct avec la communauté; réunions festives, foires, invitations de tout ordre, annonces de mariages, naissances ou décès, problèmes de circulation, auxquels s’ajoutent les informations importantes (?) des élus municipaux.
Se le procurer n’est, d’ailleurs, pas facile, il faut se rendre dans le village où n’existent que deux commerces, le boulanger et une toute petite épicerie adjointe au café et qui le propose, quand il en reste.
L'intérêt de cette situation est qu'on peut boire un coup sans se faire remarquer.
Comme l'épicerie n’est pas très achalandée, nous faisons la plupart de nos achats dans un bourg à l'est du village. On y trouve la foire (le marché), les petits grands-magasins (il y en a quand même 2), et tout ce qui fait qu’un bourg est plus important qu’un village. J'en profite alors pour acheter le journal mais bien sur je ne fais pas 30 kilomètres rien que pour ça.
Des fois, sans trop réfléchir, nous allons vers l’ouest, dans une autre bourgade plus proche, laquelle, malheureusement, n’est pas en Périgord, mais en Charente. Les informations nationales et internationales et, le plus important, les jeux et les mots-croisés, sont les mêmes mais pas les nouvelles régionales.
C’est un autre monde, un autre pays, c’est ...l’étranger.
Leurs mariages, leurs naissances, leurs décès, leurs réunions communales, leurs foires et autres festivités n'ont, pour les périgourdins, aucun intérêt..
On peut alors passer à côté d’ informations hyper importantes de notre commune, comme la date de la prochaine réunion du conseil municipal ou celle des ouvertures de la chasse et de la pêche. (Il est vrai que je ne chasse pas et que je pêche, quand je veux, dans un étang privé).
Pensez-vous que j'aurai lu dans l’édition du Sud-ouest de la Charente qu’une naissance avait eu lieu dans une maison privée de notre village de Dordogne (ce qui n’était pas arrivé depuis très très longtemps).
Bien sur que non !
Je n'ai aucune statistique pour étayer mon propos, mais je pense que la moyenne d’âge du village doit être largement supérieure à la moyenne nationale.
On ne s’installe pas dans notre village ou ses environs à n’importe quel âge, si on veut travailler ou élever des enfants, d’ailleurs : l’école est fermée.
On s’y installe à la retraite, quand les enfants ont quitté le nid et qu’on souhaite la tranquillité et ça, on n’en manque pas et c’est très bien ainsi.
Les journaux, en générsl sont monotones, ternes et même plutôt tristes et l’ordinaire des nouvelles n'est en général, ni merveilleux, ni extraordinaire.
J’en suis arrivé malheureusement à la conclusion que les pages les plus lues de Sud-ouest étaient les pages nécrologiques.Ce que je fais scrupuleusement.
C’est bien le seul sport dans la vie où on n’a pas envie d’être les premiers.
Ça nous rend triste et heureux.
Triste pour ceux qui nous ont quittés et heureux de pouvoir encore le lire..