Un de mes plus gros torts est de penser que si un livre est lu par un très grand nombre, il ne va pas me plaire. C’est absurde je sais, et faux le plus souvent, mais je ne me referai pas.
En voilà un, encensé par une douzaine de critiques que j’ai quand même décidé de me procurer.
je suis bien embêté, partagé, mêlé et un tant soit peu en colère.
Il est vrai que pour beaucoup de matières je suis un béotien, un analphabète, un primaire qui a beaucoup de mal à comprendre au deuxième degré, quand au troisième n’en parlons pas.
Du début à la fin, c’est un petit roman judicieux dans sa présentation, écrit par un auteur dont le style est complexe mais clair. Alors ?
Achille Dunot souffre d’une amnésie très particulière dont le terme exact n’a, croyez-moi chers papoulecteurs, absolument aucune importance, mais ses conséquences sont indéniablement gênantes pour un détective. Depuis l’accident qui a vu une bibliothèque remplie de livres policiers (ce qui est un comble, n’est-il pas ?) lui tomber sur la tête, il ne se souvient plus le lendemain de ce qu’il a fait la veille, sa mémoire des faits antérieurs à l’accident restant indemne.
Malgré son handicap, le chef de la police lui demande d’enquêter sur la disparition d’une jeune femme et de son amant.
Nous nous trouvons donc à lire les notes qu’il prend au fur et à mesure de ces interrogatoires pour s’en souvenir ainsi que les réflexions que ces notes lui procurent le lendemain. N’oublions pas qu’il ne se souvient pas les avoir écrites.
Il suspecte immédiatement le mari et se livre avec lui à un duel d’intelligence dans lequel son handicap va poser de gros problèmes.
Et puis, j’ai commencé à m’ennuyer et je me suis demandé si je lisais un roman sur l’enquête d’une disparition ou sur la genèse et l’évolution des romans d’Agatha Christie. Notez que je ne suis pas contre et même que cela m’a donné, non seulement envie de la relire, mais en plus, de le faire d'un œil plus attentif.
J’ai compris les explications sur le fonctionnement de notre mémoire et appris ce qu’était l’amnésie antérograde et l’hippocampe quand ce n’est pas un poisson à tête de cheval.
Seulement voilà, pour moi ce n’était pas, au départ, la finalité de ce livre, et quand, en plus, j’ai compris, à la fin, que cette enquête n’aboutirait jamais et, qu’en fait, elle n’avait jamais existé, j’ai ‘’capoté ben raide’’.
Avais-je bien compris les raisons de mon choix de lecture ? J’ai donc lu, ce que je fais rarement le 4ème de couverture que je surnomme, dans mon for intérieur, le cul du bouquin.
J’y note dès la première ligne que le héros est un détective, que le chef de la police lui confie une enquête et que le lecteur va lire un roman policier. Il y aura un suspect avec plusieurs mobiles qui semble se vanter d’avoir commis le crime parfait. (Tous les mots soulignés y sont)
On parle donc bien d’un roman policier et en refermant ce livre, j’ai eu l’impression de m’être fait avoir comme quand vous achetez un bonbon à la menthe et qu’il a un goût pharmaceutique, ou comme cette boisson, vous savez, celle qui ressemble à de l’alcool, qui a la couleur de l’alcool mais qui n’est pas de l’alcool. Ce n’est pas forcément mauvais mais ce n’est pas facile de s’enivrer avec.
Mais, allez-vous me demander, une enquête doit-elle toujours se terminer par la capture et la condamnation du méchant ? Non. (Réponse claire qui, je l’avoue, ne m’est pas habituelle)
Mais encore faut-il qu’il y est vraiment une enquête. En fait après 250 pages, je me sentais exactement au même point qu’après le premier chapitre qui se termine page 23.
Entre l’éditeur qui veut vendre et l’auteur qui raconte son histoire, il y a parfois un abyme et ce livre en est un exemple type. L’enquête n’est pour l’auteur que la trame sur lequel il bâtit son roman, pas la finalité et pour l’éditeur, c’est un moyen d’attirer les lecteurs de polar.
Conclusion : à relire (si! si!) quand je serai calmé mais avant…relire tout Agatha Christie…ce qui devrait m’amener en 2020, minimum.
Au fait, si vous ne trouvez plus mes textes dans les jours à venir, c’est que mon hippocampe ne fonctionnera plus, j’aurai disparu ou je me serai caché et je
ne m'en rappelerais plus.
Fashion, Cuné, Dasola, Delphine, Titine, Ys, Tamara, A girl from earth, sans compter Brigitte et Canel, dont je n’ai pas retrouvé les billets, ont toutes aimé et puisque nous sommes en période d’élection d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, elles sont largement en majorité.
Je suis donc passé à côté de quelque chose, mais de quoi ? Je devrais le savoir en 2021.