Je ne suis pas doué en mathématiques, mais j’aime les listes et les calculs stupides. Un jour je me suis mis à calculer le nombre de mes ancêtres en comptant 3 générations par siècle et je suis arrivé au nombre pharamineux de 1 000 000 000 oui 1 milliard en l’an mille après J.C. ce qui faisait 32 milliards sous Charlemagne.
J’ai vraiment eu l’impression de passer pour un fou quand j’en ai parlé autour de moi.
Il est vrai que mes conclusions, à savoir que vu le nombre d’habitants sur notre belle planète bleue, nous étions tous apparentés, aussi bien les Mongols que les Zoulous, pouvaient paraître complètement farfelues.
Je suis en voyage au bout de la terre et les deux gros livres que j’ai emmené dans mes bagages, poids maximum oblige, étant finis, je fouille dans la bibliothèque des livres oubliés par les clients de l’hôtel et je tombe sur ce document de près de 400 pages. Suffisamment gros et suffisamment moins facile à lire qu’un bon roman pour terminer mon voyage.
En le feuilletant, je lis en page 9 « Vous avez 2 parents et 4 grands-parents, ces 4 grands-parents en avaient eux-même 4 qui en avaient autant. Vous avez compris le nombre de vos ancêtres double à chaque génération… et plus de seize mille milliards d’ancêtres contemporains de Charlemagne. Autrement dit, vous aviez plus d’ancêtres que la terre ne portait d’habitations.»
Imaginez ma surprise et ma satisfaction de voir que mes conclusions sont identiques à celles d’un généalogiste reconnu.
Outre cette joie purement égoïste, ce livre nous apprend un tas de choses sur notre passé. Tout d’abord que, même si nous sommes apparentés, il y a peu de chance pour que nous soyons des descendants d’un roi, de Ramsès II ou de César. La cause en est le faible pourcentage de ces dirigeants par rapport à la population totale, par contre il n’est pas impossible que nous ayons dans nos ancêtres un homme d’église.
Ce document nous donne aussi l’étymologie de certains noms de lieu, l’origine des noms de famille, et de certains mots ou expressions actuels.
Ainsi nous apprenons pourquoi dit-on : « coq de village », « tenir le haut du pavé » ou « tombé dans le ruisseau » et pourquoi les métiers comme notaire, cordonnier, épicier, charcutier etc. ont-ils été nommés ainsi.
Le boucher était un « saigner » ou « massacrier » qui ne vendait que de la viande de bouc ou de chèvre et les menuisiers fabriquaient des objets en petit bois, contrairement aux charpentiers, d’où leur nom initial de « menusiers »
Pourquoi dit-on des fours banaux et des évènements banals, le tout venant de « ban » mot qu’on retrouve dans notre « publication des bans » ou dans « arrière-ban »
On nommait banalités, issues du même mot, les fours, moulins et pressoirs que l’on utilisait en commun d’où l’évolution de l’adjectif : banal devenant commun.
Des milliers d’informations sur notre langue et son évolution à travers les siècles, sur la vie de nos ancêtres depuis le moyen-âge jusqu’à nos jours, sur les relations entre les diverses classes de la société à travers les époques, la création des villes, la quasi-disparition des sociétés agricoles et de leurs patois.
Ainsi ai-je appris que beaucoup de noms de famille originellement connus comme prénoms, c’est mon cas, ne venaient pas forcément d’un enfant abandonné mais pour la plupart d’un ancêtre prénommé ainsi et dont le prénom était devenu le nom de cette famille et que de nombreux noms de famille sont des prénoms cachés tels Durand, Naudin, Garnier, Guérin etc.
Un petit bijou pour ceux qui s’intéressent à notre langue et à la sociologie dans l’histoire, une trouvaille accidentelle qui continue à me réjouir.